Contexte et Environnement
Date et Heure de l’incident:
Début 04/2025 - Autour de 11h
Dommages corporels (oui/non, lesquels, interruption temporaire de travail) ? :
Non
Dommages matériels (oui/non, lesquels) ? :
Non
Le pilote a dû faire une déclaration auprès de la FFVL (oui/non) ? :
Non
Niveau du pilote : (Heures de vol par an en moyenne ? Années de pratique ? Quel brevet ?
Brevet Initial / 3-4 vols par ans / 8 ans de pratique
Type de matériel (ex : voile EN A, révisée ou non, année, sellette cocon, etc…) :
EN A révisée depuis moins de 2 ans. Datant de 2017. Sellette convertible.
Volume de pratique dans les 30 jours précédents l’incident (heures de vol et de gonflage)? Avec le même matériel?
0 h
Type de vol (ex : Solo, Bi, etc.) :
Solo
Phase du vol (ex : Prévol, Décollage, vol, Approche, Atterrissage, etc.) :
Décollage
Lieu (ex : sur site (lequel), en cross, plaine, montagne, etc.) :
Montagne sur site inconnu
Déclarant (qui rédige ce retex: pilote, passager, témoin …) ?
Pilote
Nombre et type de personnes concernées (ex : 1 pilote + passager, 2 pilotes, etc.) :
Pilote
Environnement (ex : obstacles, densité de voiles, nature du sol, etc.) :
Personne d’autre sur le site de vol rando, pas d’obstacles dans la zone de décollage.
Météo et aérologie (ex : vent fort, conditions thermiques, orientation du vent, etc.) :
Conditions légèrement thermiques de fin de matinée. Décollage alimenté par 5-10km/h de brise Est.
Le pilote avait -il conscience d'être dans une situation à risque ?
Non
Le pilote était-il dans un état d'esprit ou une condition physique particuliers ? (fatigue, stress, excès de décontraction, etc.)
Légère appréhension car dernier vol remontant à 8 mois. Rien d’inhabituel, la plupart de mes vols sont espacés de quelques mois. Un peu pressé pour effectuer le vol avant que les conditions ne forcissent mais encore une fois rien d’inhabituel.
Le pilote s'était-il fixé un objectif particulier pour ce vol (distance, durée, exercices etc...)
Non
Le pilote a-t-il pensé qu'il pouvait utiliser son secours ?
Non
Description de l'incident
Description chronologique des faits :
Après une randonnée de 2h, je m’installe au décollage. Il est légèrement alimenté par 5-10km/h de brise. La zone est dégagée bien qu’assez pentue. La végétation au sol plutôt herbeuse est parsemée de petits branchages cassants.
Voyant que les conditions thermiques sont déjà en train de s’établir, je ne traîne pas à m’installer.
J’effectue une prévol qui sur le coup me parait consciencieuse: check rapide de la voile (qui n’a pas volé depuis plusieurs mois); vérification des maillons principaux; démêlage du suspentage, chaque élévateur séparément, puis les freins ; vérification de la poignée de secours: la suspente de l’accélérateur était passée sous la poignée, je désaimante celle ci pour libérer la suspente.
La brise perturbe un peu la préparation en soulevant plusieurs fois la voile. A trois reprises je monte repositionner la voile pour l’étaler convenablement en passant par son coté gauche (le coté mis en cause par la suite).
Je me positionne dans la sellette, rituel personnel d’attache effectué. J’aurais de quoi décoller face-voile mais le stress habituel au déco me pousse à me cantonner dans ma zone de confort et à reproduire ce que je connais le mieux. Comme, depuis maintenant quelques années, je ne vole qu’en conditions calmes, je fais quasi exclusivement du dos-voile. Je vais donc décoller en dos-voile comme d’habitude. Prise de commandes en main. Tension sur les avants, regard arrière vers la voile pour vérifier que tout est en ordre. Attente d’un cycle faible pour ne pas se faire reculer.
La voile gonfle, légère traction à gauche qui ne me semble pas anormale. A peine le temps de temporiser, la prise en charge est très rapide. Je m’écarte du relief vers la vallée tout en me faisant décaler à gauche le long du relief. Je mets ça sur le compte de l’activité thermodynamique car je prends aussi quelques mètres immédiatement. Au bout de quelques secondes le comportement de la voile commence à me paraître suspect. L’action pour contrer le virage à gauche est inhabituellement difficile. Je check la voile pour la première fois depuis qu’elle a commencé à gonfler et remarque une cravate (bout d’aile emprisonné par une suspente) d’une amplitude que j’ai du mal à évaluer (peut être 1/4e ou 1/5e de la demi aile gauche).
S’ensuit une lutte pour essayer de déverrouiller cette cravate par quelques tractions toniques, brèves et de grande amplitude sur la commande gauche. C’est l’action que j’ai en tête comme étant la solution à ce genre de situation. Cela entraîne du roulis qui me semble, sur le moment, bon pour régler le problème en chargeant et déchargeant la demi voile problématique. Mais le stress monte progressivement car:
- les actions sur la commande semblent inefficaces pour résoudre le problème
- la voile a un comportement difficile à maîtriser, accentué par mes actions ; la correction de trajectoire vers la droite est ardue.
- Je commence à envisager de devoir atterrir dans cette configuratio ce qui me semble difficilement gérable
Au bout de 2 minutes (confirmation sur trace gps), la voile finit par s'ouvrir complètement, occasionnant un grand soulagement.
Analyse & synthèse du déclarant : à priori, quelles sont les causes de l’incident? :
Prévol:
Je n’ai pas la réponse sur ce qui s’est passé exactement. La prévol était probablement insuffisante et je n’ai peut-être pas vu une suspente mal positionnée. Je suis pourtant revenu plusieurs fois réinstaller la voile au sol. La cravate a-t-elle pu se créer au cours du gonflage ?
Choix de la technique de décollage:
Le choix dos voile a été dicté par l’habitude plutôt que par les conditions ce qui a été pénalisant dans ce cas. Le dos-voile ne m’a pas permis de vérifier l’état de la voile au gonflage ni à la temporisation à cause de la prise en charge très rapide. Le face-voile aurait été plus adapté aux conditions et aurait permis d’interrompre l’action en constatant le problème. Avec le recul, j’aurais dû faire au moins un pré gonflage face-voile dans la brise pour vérifier le bon ordre du suspentage quitte à décoller dos voile ensuite.
Actions correctives:
J’ai constaté le problème assez tard, ce qui m’a permis de ne pas me précipiter avant d’entreprendre les actions correctives. Il me semble que si je l’avais constaté plus tôt, j’aurais tenté ces actions beaucoup plus près du relief ce qui aurait été plus dangereux.
Scénarios envisagés
Malgré les exercices de poignée témoin régulièrement effectués dans mes vols, le scénario secours ne m’est pas venu à l’esprit. Ce serait peut être le cas lors d’un évènement plus “irrattrapable”.
Quels conseils puis-je partager à la communauté pour éviter de reproduire cette situation dans le futur ?
Prévol:
Vérifier qu’aucune suspente ne passe derrière la voile. Positionner la voile en arc de cercle pour qu’elle gonfle par le centre et rabattre les bouts d’aile sur l’intrados (sur ~50 cm) pour éviter un risque de cravate lors du gonflage.
Choix de la technique de décollage:
- Le prégonflage, quand il est faisable, me semble un élément sécuritaire essentiel à ajouter à la prévol.
- Mettre en œuvre différentes techniques lors de séances de gonflage pour être suffisamment à l’aise et ainsi pouvoir choisir la plus adaptée aux conditions.
Actions correctives:
- Commencer par prioriser la tenue du cap et s’éloigner à une distance suffisante du relief ; attention, l’aile peut effectuer une rotation sans que l’on s’en rende compte: il faut surveiller un éventuel retour à la pente.
- Tirer sur la suspente de stabilo sur l’élévateur B (généralement identifiable par une couleur différente) pour tenter de défaire la cravate
- Si cela ne fonctionne pas, on peut également faire une oreille en tirant sur la suspente extérieure de l'élévateur A et voir si cela permet de résoudre le problème lors de la réouverture
- Et si cela ne fonctionne toujours pas, reste à aller poser dans un endroit bien dégagé si la cravate est peu importante et permet de conserver un bon contrôle de l’aile. Si l’aile est difficilement pilotable, il faudra alors envisager de faire secours